La Frontière Subtile entre Égoïsme et Amour-Propre : Un Équilibre Vital.
- Melanie lelievre
- Mar 29
- 3 min read
Updated: Mar 30

L’égoïsme et l’amour-propre sont souvent confondus, comme si prendre soin de soi équivalait à nuire aux autres. Pourtant, ces deux notions sont radicalement différentes dans leur essence et leurs conséquences. Comprendre cette distinction est crucial pour cultiver des relations saines tout en préservant son intégrité émotionnelle. Explorons ces concepts à la lumière de la psychologie et du développement personnel.
L’égoïsme se caractérise par une préoccupation exclusive de ses propres besoins, au détriment de ceux des autres. Une personne égoïste agit selon une logique de prédation : elle prend sans donner, exige sans offrir, et considère les autres comme des moyens pour atteindre ses fins. Son comportement est marqué par l’incapacité à se mettre à la place d’autrui, comme si le monde tournait uniquement autour de ses désirs. L’égoïste ne ressent pas de culpabilité à piétiner les limites d’autrui, car il perçoit ses intérêts comme supérieurs. Cette attitude, souvent liée à une faille narcissique, finit par isoler, car elle détruit la réciprocité indispensable à toute relation durable.
L’amour-propre, en revanche, est une forme de respect de soi qui permet de s’affirmer sans écraser les autres. Contrairement à l’égoïsme, il ne s’agit pas de prendre aux autres, mais de refuser de se laisser prendre. Une personne avec un amour-propre sain sait dire "non" quand une demande compromet son équilibre, mais elle est aussi capable de générosité authentique. Son attention à elle-même n’est pas une fermeture aux autres, mais une condition pour être pleinement présente dans ses relations. L’amour-propre est la racine de l’estime de soi : il permet de fixer des limites claires, de refuser les traitements toxiques, et de choisir des relations qui nous élèvent plutôt que nous diminuer.
La différence fondamentale réside dans l’intention. L’égoïste agit par peur (de manquer, de ne pas être assez) ou par avidité, tandis que l’amour-propre agit par affirmation de sa valeur intrinsèque. Par exemple :
Un égoïste annulera un rendez-vous important pour un ami parce qu’il a "envie de dormir", sans remords.
Une personne avec de l’amour-propre refusera de répondre à un appel professionnel pendant ses vacances, pour préserver son bien-être, tout en étant présente pour ses proches quand cela compte vraiment.
Les conséquences de cette confusion sont lourdes. Beaucoup de personnes, surtout les femmes socialisées à se sacrifier, croient à tort que s’affirmer est "mal". Elles confondent amour-propre et égoïsme, et finissent par s’épuiser dans des relations déséquilibrées. À l’inverse, certains justifient leur égoïsme en le baptisant "amour-propre", comme si tout refus de compromis était une vertu.
Comment distinguer les deux dans la pratique ? Voici trois questions clés :
Est-ce que mon action blesse autrui de manière injuste ? (L’égoïsme blesse, l’amour-propre protège)
Suis-je dans l’échange ou dans l’exploitation ? (L’amour-propre accepte la réciprocité)
Comment je me sens après ? (L’égoïsme laisse souvent un goût de honte, l’amour-propre un sentiment de dignité)
Cultiver l’amour-propre sans basculer dans l’égoïsme demande un travail d’équilibriste. Cela implique :
L’auto-empathie : Reconnaître ses besoins sans les survaloriser.
L’assertivité : Exprimer ses limites avec calme et fermeté.
L’introspection : Questionner ses motivations ("Est-ce que je prends cette décision par peur ou par respect de moi ?").
En société, l’amour-propre est souvent mal compris. On vous traitera peut-être d’"égoïste" quand vous refuserez de travailler tard pour la énième fois, ou quand vous direz non à un proche toxique. Mais c’est précisément dans ces moments que la différence éclate : l’égoïsme est une surcharge, l’amour-propre une protection.
Au final, l’amour-propre est le socle d’une vie authentique. Comme l’écrivait Virginia Woolf : "On ne peut pas bien penser, bien aimer, bien dormir, si on n’a pas bien dîné." Prendre soin de soi n’est pas un luxe égoïste, mais la condition pour être capable de vrai don aux autres. L’égoïste, lui, ne donne jamais vraiment : il ne fait que prendre sous une autre forme.
La prochaine fois que vous hésiterez entre un "oui" complaisant et un "non" salvateur, souvenez-vous : ce n’est pas votre égoïsme qui parle, mais votre droit fondamental à exister pleinement. Et cela, aucun être humain ne devrait jamais avoir à s’en excuser.
Melanie Lelièvre.
Le 12 Août 2024
Pour aller plus loin :
Livre : "Les Chemins de l’amour-propre" de Christophe André
Exercice : Listez 3 situations où vous avez dit "non" par amour-propre – comment vous êtes-vous senti après ?